Je vais appuyer la motion déposée par le NPD sur le rétablissement du salaire minimum fédéral. Un salaire minimum fédéral ne s'appliquerait qu'aux entreprises de compétence fédérale et celles-ci n’emploient qu'une faible proportion de la population active. La réaction à cette motion a été assez prévisible. Le mouvement syndical l’appuie et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante s'y oppose. Tous les deux ont quelques bons arguments.
Voici le texte intégral de la motion:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait rétablir le salaire minimum fédéral et l’augmenter progressivement à 15 $ l'heure sur cinq ans.
Toutes les données économiques disponibles au Canada font état d’une augmentation constante de l'inégalité des revenus au pays. Il ne s’agit pas de données partisanes. En 2013, le Conference Board of Canada a donné au Canada une note de «C», en notant que l'inégalité des revenus au pays avait augmenté au cours des 20 dernières années. Plus tôt cette année, l'ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a parlé d'un malaise « étayé par de solides données » à voir le « contrat social de base s'effondrer » en raison du « caractère de plus en plus exclusif du capitalisme ». Le Forum économique mondial, l’OCDE, le FMI, et d'innombrables autres instances font le même constant urgent. L'inégalité est déstabilisante, préjudiciable à l'ensemble de l'économie, dangereuse, et elle croît à un rythme inacceptable. Sans compter son injustice fondamentale.
Certains ont critiqué cette motion de rétablissement d’un salaire minimum fédéral, pour atteindre en fin de compte 15 $, car il ne toucherait que quelques centaines de travailleurs et de travailleuses (les données les plus récentes dont nous disposons datent de 2008 et montrent qu’il n’y avait alors que 416 employé-e-s sous réglementation fédérale qui gagnaient le salaire minimum). D'autres ont, légitimement, répliqué que c’est l’ensemble des travailleuses et des travailleurs qui méritent d'être protégés. Certains espèrent que cette mesure fera pression sur les gouvernements provinciaux pour qu’ils accroissent leur salaire minimum. Comme l'a écrit la bloggeuse Trish Hennessy, cela pourrait "donner une nouvelle allure à la valeur d’un réel travail au Canada ». Pourtant, le fait d’offrir à quelques centaines de travailleurs un salaire plus équitable, mais encore inférieur à tous les calculs d’un salaire digne de ce nom ne suffira pas, à lui seul, à résoudre le problème de l’inégalité structurelle. Je soutiens cette motion, mais nous pouvons faire mieux.
Nous avons besoin de quelque chose de plus substantiel pour sortir de ce pétrin. Le Parti Vert appelle à la mise en œuvre d’une mesure universelle, le Revenu de subsistance garanti (RSG). Un RSG fournirait à tous les Canadiens et les Canadiennes le moyen d’échapper à la pauvreté. Il permettrait d’éviter au système de soins de santé, au système de justice pénale, et à toute une gamme d’autres programmes sociaux de dépenser leurs précieuses ressources pour des enjeux dont la cause de base est la pauvreté. Ce revenu pourrait facilement être défrayé par une modeste taxe sur le carbone. Il renforcerait notre économie et rendrait notre société plus juste. Un RSG payé par une taxe sur le carbone aiderait à combler tout écart que l’on peut percevoir entre les combats pour l’équité sociale, syndicale, économique et environnementale. Il contribuerait également à réduire l’empreinte carbone disproportionnée des riches, tout en laissant aux personnes moins fortunées la liberté de trouver un bon travail, sans être obligées d’accepter tout emploi disponible. Nous espérons que cela encouragerait un changement réel dans les luttes combinées pour un climat viable et une société juste.
J’appuie cette motion, mais je voudrais voir des progrès réels dans le combat contre l’inégalité.